La crise économique et l’impasse politique poussent les jeunes à vouloir sortir du pays, les pauvres comme les nantis.
Depuis qu’il a fini ses études, Ahmed songe à quitter l’Egypte. Le projet fut plusieurs fois caressé, puis remis. Cette fois, ce n’est plus une rêverie. Cet été, sa vie au Caire sera derrière lui. « Au départ, quand je pensais à partir, je voulais avoir plus d’opportunités dans mon métier. Aujourd’hui, je veux m’évader de l’Egypte. Nous vivons une crise sans précédent », explique cet ingénieur en informatique de 34 ans.
La dévaluation de la livre égyptienne, consécutive à la libéralisation complète du marché des changes, en novembre 2016, s’est accompagnée d’une flambée des prix. En avril, l’inflation a dépassé les 30 %. Sans compter que le pays doit entreprendre des réformes profondes en échange d’un prêt de 12 milliards de dollars (10,5 milliards d’euros) du Fonds monétaire international.
« Chaque classe sociale accuse le coup de la crise économique. » Dans son entourage, plutôt aisé, « certains ont dû suspendre des projets, comme acheter une voiture, d’autres doivent composer avec le tarif des universités privées [en dollars] », explique Ahmed, qui a grandi à Maadi, un quartier périphérique « vert et riche » du Caire. Ce passionné de cinéma, qui aime faire la fête, vit sur ses économies depuis deux ans.
« Mais je ne sais pas ce qui restera de mes économies pour ma nouvelle vie », dit-il, dans la cour d’un café du centre-ville, à deux pas du site historique de la prestigieuse Université américaine du Caire. Aux tables alentour, des amoureux, ou des étudiants derrière leur ordinateur, sirotent un café, dans un décor de tarbouches et de vieilles photographies qui cultive la nostalgie.
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